"Je ne suis pas madame Irma. Mais le système ne tiendra pas deux ans. Quoi qu'il arrive, nous serons au pouvoir dans cinq ans, avant j'espère."Signé Marine Le Pen.
Photo : Régis Duvignau Reuters
Même fatiguée, même triste parce qu'elle a dû euthanasier son chat, elle ne met pas dix secondes avant d'attaquer de front. Marine Le Pen est une battante, un animal politique redoutable. Elle a la volonté, une volonté différente de celle de son père. Elle ne se situe pas dans la protestation. Elle aspire à gouverner. Plus qu'une nuance !
"Quoi qu'il arrive, nous serons au pouvoir dans cinq ans." Marine Le Pen a la conviction que l'euro et l'Europe vont éclater. "On achète du temps extrêmement cher avec de l'argent que l'on n'a pas. Ca ne durera qu'un temps !" Elle assure travailler depuis deux ans avec des économistes et en conclut que l'euro "n'aura été qu'une parenthèse de dix ans". Pour gouverner avec qui ? "Il y aura une recomposition à droite. Une partie de l'UMP va venir vers nous. La droite vient me chercher sur l'immigration, la gauche sur le protectionnisme, la réindustrialisation. En fait, je suis au centre !"
Elle prévoit que la France va s'épuiser: "A la fin du prochain quinquennat,anticipe-t-elle, notre dette sera de 2130 milliards. Pour la stabiliser, selon le modèle UMP ou PS, il faudrait 120 milliards d'économies dès la troisième année! Depuis 1973, on a payé 1400 milliards d'intérêts pour 1750 milliards de dette."
Le problème, c'est qu'elle a raison sur le diagnostic. L'autre problème, c'est qu'environ 20% de l'opinion est réceptive à ses solutions: sortie de l'euro et de l'Europe, on ne soigne plus, ne loge plus, n'éduque plus les étrangers, on supprime le droit du sol pour expulser les clandestins dont les enfants sont nés en France...
Le propos n'est pas de faire la promo de Marine Le Pen. Il est d'être bien conscient de l'efficacité de son propos et de son ambition. "Il y a une dynamique, dit-elle. Qu'est-ce qui m'empêche d'être à 30% ? Je pense que l'élection est à peu près cristallisée. Le second tour va se jouer entre Nicolas Sarkozy et moi. Avec Hollande en face." Selon quel sondage ? "Je n'ai jamais commandé un sondage. Je ne fonctionne qu'à l'instinct." Au passage, elle note qu'il y a trois points d'écart entre les déclarations des sondés et les résultats des sondages.
Il ne faut surtout pas sous-estimer Marine Le Pen ! Ni l'ostraciser: "Plus on est injuste avec moi, plus je monte !"