Présidente du Front national, la candidate Marine Le Pen - qui ne ménage ni Nicolas Sarkozy ni François Hollande ni Jean-Luc Mélenchon, et rêve d'un second tour qui l'opposerait à Mélenchon - a répondu aux questions de France-Soir. Sur le ton du parler-vrai et, parfois, du parler-cru.
France-Soir. Avez-vous toujours l'ambition, ce qui n'était pas le cas de votre père, de gouverner un jour la France ?
Marine Le Pen. Bien sûr !... Je n'ai pas le goût de l'effort inutile. Je fais de la politique, je me présente aux élections et j'essaie de convaincre parce que je veux appliquer mes idées. C'est la raison pour laquelle, à la différence d'autres, je ne participerai pas à un gouvernement qui ferait exactement l'inverse de ce que je préconise en toutes circonstances.
F.-S. Vous avez dit vouloir « mettre l'Islam radical à genoux », faisant ainsi écho à la phrase de Mohamed Merah qui, lui, voulait « mettre la France à genoux ». Était-ce volontaire ?
M. L. P. Oui, c'est volontaire car, très objectivement, la classe politique a volontairement minimisé le développement du fondamentalisme islamique. Je croyais qu'elle le sous-estimait. En fait, elle le minimise volontairement comme elle minimise la haine qui se diffuse contre notre propre pays, dans notre propre pays, de la part d'un certain nombre sous l'influence du fondamentalisme islamique. De plus en plus de jeunes - souvent, il faut bien le dire, binationaux - sortent avec les drapeaux de leur autre pays, ont multiplié les insultes, les émeutes. Souvenez-vous, il n'y a pas très longtemps, de la fin de certains matches de football ou encore des émeutes de 2005. Tout cela est nié par la classe politique qui est aveuglée, et refuse de régler ce problème. Et bien moi, je dis maintenant qu'il faut lutter férocement contre le fondamentalisme islamique dans nos quartiers, dans nos banlieues, et qu'il faut clairement dire à ceux qui développent une haine de notre pays, de ses valeurs, de ses racines, de notre mode de vie, qu'ils peuvent faire quelque chose : c'est partir.
F.-S. : Qu'est-ce-que vous voulez dire par « lutter férocement » ? Vous avez déjà dit que les bateaux qui viennent en France sont remplis de Mohamed Merah...
M. L. P. Je n'ai pas dis « remplis », j'ai posé la question : combien de Mohamed Merah arrivent chaque jour alors que nous ne maîtrisons pas nos frontières, alors que nous ne savons même qui est présent sur notre territoire ? Oui je le dis et le redis lorsque je vois que, régulièrement, l'UOIF (Union des organisations islamiques de France, ndlr) accueille des fondamentalistes, des gens qui appellent à la haine et au meurtre des juifs. Chaque année ces prêcheurs viennent sur notre territoire. Oui, combien sont aujourd'hui présents, combien développent, distillent leur haine de notre pays. Encore une fois leur haine de notre mode de vie, leur haine de nos valeurs. Il n'y a qu'à regarder les tags en hommage à Mohamed Merah dans les banlieues qui sont en train de fleurir aujourd'hui. Il n'y a qu'à regarder la page Facebook, la deuxième, qui, avant d'être fermée, avait 10.500 « J'aime » en hommage à Merah. Alors, on refuse de voir cela. Eh bien moi je regarde cette réalité dans les yeux, et je vais lutter pied à pied contre le fondamentalisme, vérifier leurs financement, vérifier ce qu'il se passe dans les mosquées, arrêter le financement de la part de pays étrangers, supprimer l'influence de pays comme le Qatar qui investissent dans nos banlieues, alors qu'ils financent également les djihadistes dans le monde entier. Je vais prendre la mesure réelle de ce problème, et m'y attaquer car personne d'autre ne le fera.
F.-S. Mais, concrètement, qu'est-ce que vous entendez par « lutter férocement » ?
M. L. P. Cela veut dire arrêter l'immigration. Cela veut dire arrêter les financements des pays qui financent les djihadistes : voyez le Qatar qui, aujourd'hui, prend des participations dans nos entreprises stratégiques, investit dans nos banlieues, investit dans le football avec la bénédiction de Nicolas Sarkozy. Cela veut dire lutter contre cette hybridation entre fondamentalisme islamiste et le banditisme dans nos quartiers. Cela veut dire la suppression des aides sociales aux récidivistes. Quand on pense que M. Merah bénéficiait du RSA, bénéficiait des aides au logement alors que des millions de Français crèvent la dalle !... Il y a huit millions de pauvres dans notre pays et à combien de récidivistes verse-t-on l'argent durement gagné par les Français plutôt que de le réserver aux honnêtes gens ? Est-ce qu'on ne doit pas arrêter l'angélisme, et surtout l'électoralisme ?
F.-S. Vous avez évoqué des « zones d'ombre dans l'affaire Merah. Lesquelles ?
M. L. P. Beaucoup de choses me paraissent troublantes et mystérieuses. Comment la DCRI a-t-elle pu ne pas déceler la dangerosité d'un homme qui a fait neuf voyages à l'étranger dans tous les endroits du terrorisme et du djihadisme. ? Comment se fait-il que ce voyou ait le numéro de téléphone direct d'un officier de la DCRI de Toulouse et qu'il le tutoie, comme l'a révélé M. Squarcini dans Le Monde ? Étaient-ils en contact régulier ? La DCRI s'est-elle servie de lui ? Était-il un indicateur de la police ? Ce sont des questions auxquelles il faut maintenant apporter des réponses. Comment se fait-il, alors que des plaintes ont été déposées pour avoir séquestré un jeune garçon de 15 ans à qui il a fait regarder des vidéos de barbarie et dont il avait giflé la sœur qui venait récupérer son petit-frère, comment se fait-il, oui, que ces deux plaintes n'aient fait l'objet d'aucun suivi de la part de la police ?
F.-S. Vous voulez dire qu'il y aurait eu des complaisances ?
M. L. P. Il y a eu des carences majeures. Et il faut les expliquer. M. Merah est-il, oui ou non, un double national ? M. Guéant nous a expliqué cent fois qu'il était Français d'origine algérienne. Or le père de Mohamed Merah nous dit qu'il a un passeport algérien. Quand est-il devenu Français ? A quelles conditions ?
F.-S. Beaucoup parlent, à propos du FN, d'un retour aux « fondamentaux », ceux qui prévalaient à l'époque de votre père...
M. L. P. Ce n'est pas un problème de retour aux fondamentaux. M. Mélenchon est systématiquement du côté des criminels, pas du côté des victimes. La preuve: M. Laurent, qui est son meilleur soutien du Parti communiste, a dit qu'il pouvait comprendre le père de Merah: le masque tombe. Oui, cette extrême-gauche est systématiquement du côté des criminels. Et puis M. Mélenchon a un comportement très ambigüe à l'égard du fondamentalisme islamique. Il cherche à faire croire que Merah serait une exception, un loup solitaire. Je ne le crois pas. Je crois que c'est le révélateur d'un fantastique problème de fond qu'on a refusé de voir, qu'on a refusé de traiter et dont pourtant des éléments nous ont régulièrement été donnés au cours des dernières années: on brûle le drapeau, on siffle la Marseillaise, on détruit, on casse, on s'attaque aux forces de police, à tout ce qui représente l'État, et tout cela dans l'indifférence générale de la classe politique. Voilà une grenade dégoupillée dont la classe politique devra assumer la responsabilité.
F.-S. Franchement, n'êtes-vous pas surprise par le succès de Jean-Luc Mélenchon ?
M. L. P. Non. Il concentre l'extrême gauche : les Verts, Lutte ouvrière, le NPA, le Parti communiste. Regardez les dernières élections: vous allez vous rendre compte que ça représente 12 à 13%. Il y a une partie aussi, probablement, des voix de M. Hollande dont on peut dire qu'il fait une campagne d'une transparence assez inimaginable.
F.-S. Vous n'y allez pas fort?
M. L. P. Que le PS ce soit le vide idéologique, ça ne date pas d'hier. D'ailleurs, s'ils ont choisi Hollande, c'est qu'il est le candidat du rien, le candidat d'un parti qui est le parti du vide idéologique. Il n'a strictement rien d'autre à dire que ce que marmonne le PS depuis des années !
F.-S. Proposez-vous toujours le retour immédiat au franc, ce qui a troublé même ceux de vos supporters qui n'aiment pas l'euro ?
M. L. P. Si on est hostile à l'euro, on fait quoi alors ? Parce qu'il n'y a a pas cinquante possibilités !... J'ai proposé de faire un référendum sur l'euro et le retour à la monnaie nationale. La Banque centrale européenne a injecté 1.000 milliards d'euros pour gagner du temps. Pour que la crise soit moins visible. Or la crise est là. Elle couve comme le volcan et elle va éclater dans des conditions épouvantables. La cure d'austérité qui a été imposée aux Français n'est que le début d'une cure d'austérité qui va nous être imposée comme elle a été imposée à la Grèce. La crise est devant nous, et elle va coûter une fortune aux Français: aux épargnants, aux travailleurs, aux retraités. Les Français doivent se rendre compte qu'on est en train de les manipuler.
F.-S. Le Front national est favorable au rétablissement de la peine de mort. Et vous ?
M. L. P. Je suis pour un référendum. Il faut que les Français puissent choisir entre le rétablissement de la peine de mort et la perpétuité réelle. Mais « réelle, réelle »: celle où on sort les pieds devant. Et pas 27 ans au bout desquels on peut recroiser sur les trottoirs des barbares, des violeurs, des tortionnaires.
F.-S. A quelles conditions pourriez-vous faire partie d'un gouvernement d'union des droites ?
M. L. P. A condition que la droite tourne définitivement le dos à l'ultra-libéralisme et au hold-up extraordinaire que les marchés financiers effectuent sur le peuple Français depuis 40 ans. Ça veut dire un retour sur la loi de 1973 qui a accordé un monopole aux marchés financiers. Et c'est ce qui fait, j'insiste, qu'en 40 ans on a versé 1400 milliards d'euros d'intérêts aux marchés financiers alors que notre dette est de 1700 milliards d'euros. Voilà le plus grand hold-up même pas du siècle: du millénaire. Un hold-up réalisé avec la complicité de la droite et de la gauche. Il faut retrouver la maîtrise de notre souveraineté, la maîtrise de nos frontières, savoir qui entre et se maintient sur notre territoire. Il faut rendre le pouvoir au peuple, notamment par l'intermédiaire du référendum. C e sont là des conditions sine qua non. Parce que, s'ils ne font pas cela, cela veut dire qu'ils sont résolument du côté du mondialisme, de l'effacement de la nation, de l'esclavagisme économique et social des Français.
F.-S. Sous des conditions drastiques, vous n'écartez donc pas formellement le principe d'une participation éventuelle à un gouvernement d'union des droites ?
M. L. P. Non. Je n'écarte pas le principe qu'il puisse y avoir demain un gouvernement d'union nationale où il pourrait y avoir des gens qui viendraient d'horizons différents compte tenu de la crise que je crois très grave. Mais, encore une fois, les conditions seront drastiques. Car participer à un gouvernement - comme M. Mélenchon va le faire puisque M. Cahuzac a révélé le pot aux roses: il y a évidemment des accords entre le bourgeois Mélenchon, 31 ans de PS et M. Hollande - cela n'est évidemment pas mon cas. Moi, je lutte contre un système qui a effondré notre pays.
F.-S. Et si vous étiez un jour ministre...
M. L. P. Je ne serai pas ministre. Je serai chef de l'État d'un gouvernement d'union nationale.
F.-S. Le seul candidat que vous épargnez, c'est le souverainiste Nicolas Dupont-Aignan. C'est étrange...
M. L. P. Nicolas Dupont-Aignan reprend tous mes arguments, mot par mot, à la virgule près, au point d'exclamation près. Il est un peu mon huitième porte-parole. Mais il a été un peu décevant dernièrement parce qu'il s'est mis à hurler avec les loups en considérant que le lien que j'avais fait entre l'affaire Merah et l'immigration était honteux, scandaleux, indigne... En cela, il montre qu'il participe du système mondialiste qui se sert de l'immigration pour affaiblir notre identité, pour affaiblir ce que nous sommes mais aussi pour affaiblir notre économie puisque tout le monde s'accorde à dire aujourd'hui que l'immigration sert à peser à la baisse sur les salaires. C'est bien pour cela que, main dans la main, le Medef, Nicolas Sarkozy, François Hollande, Mélenchon et maintenant M. Dupont-Aignan sont des défenseurs de cette immigration.
F.-S. Dupont-Aignan vous choisirait bien, il l'a dit, comme Premier ministre...
M. L. P. Il est gentil, il faut qu'il arrête de rêver la nuit et qu'il dégonfle un peu la tête. J'ai entendu d'ailleurs quelque chose d'éminemment désagréable dans sa bouche: il souhaite avoir Marine Le Pen sous ses ordres. Voilà qui en révèle beaucoup sur ce personnage qui n'est peut-être pas le gendre idéal pour lequel il veut se faire passer.
F.-S. Tous les cadres de votre parti sont-ils d'accord pour renvoyer dos à dos, s'ils sont au second tour, Sarkozy et Hollande ?
M. L. P. En cas de second tour Sarkozy-Hollande - ce que je n'ose imaginer car c'est vraiment le non-choix - comment pouvez-vous imaginer que nous puissions appeler à voter pour l'un ou pour l'autre alors que nous disons depuis des années qu'ils mènent exactement la même politique. C'est l'UMPS qui détermine l'avenir des Français.
F. S. Est-ce que vous critiquez les propositions du candidat Sarkozy sur l'immigration ?
M. L. P. Entre les mots et les actes, il y a une énorme différence. Je suis, en fait, le grand réservoir d'idées de cette campagne présidentielle. M. Bayrou m'a emprunté le « produire français ». M. Nicolas Sarkozy m'emprunte, en tout cas dans les mots, une autorité, une fermeté en matière d'immigration, d'insécurité. Il n'y a qu'un malheur, c'est que ça fait dix ans qu'il est en charge de ces dossiers-là. Et le moins que l'on puisse dire, c'est qu'on a pas vu de fermeté et d'autorité, mais plutôt vu l'énorme laxisme à laquelle la gauche nous a habitué. On voit que, progressivement, la droite a été complètement influencée sur ce sujet par la gauche. Rendez-vous compte: même M. Mélenchon a repris une de mes idées: une grande politique de la mer !
F.-S. Ce n'est pas clair. Vous êtes ravie ou choquée ?
M. L. P. Il n'y a qu'un malheur, c'est qu'ils disent tous la même chose que moi pour m'empêcher de le faire. Et ça fait des années que cela dure!... Si d'autres que moi mettaient en application mes idées, je serais heureuse. Vous savez, j'ai trois enfants, je fais beaucoup de sacrifice dans ma vie personnelle. Si demain quelqu'un d'autre que moi appliquait ces idées-là, je serai ravie de faire autre chose. Le problème, c'est que, à chaque campagne présidentielle on vient puiser dans nos idées et, chaque fois qu'ils arrivent au pouvoir, ils font exactement l'inverse !
F.-S. Par antisarkozysme, une partie de vos amis seraient prêts à un vote dit « révolutionnaire » en faveur de Hollande...
M. L. P. Il y a dans mon électorat des gens qui viennent de la droite et des gens qui viennent de la gauche. Par conséquent, une partie d'entre eux, en cas de second tour Hollande-Sarkozy, retourneront à leurs familles d'origine. Ca, ce n'est pas un secret. Mais moi, c'est sûr, je ne prendrai pas la responsabilité de leur donner ma bénédiction.
F.-S. L'impôt à 75% proposé par François Hollande, vous en pensez quoi ?
M. L. P. C'est un gadget, qui ne va toucher d'ailleurs que ses petits copains du show-biz et du football. La réalité, c'est que, par exemple, le président du directoire de Publicis vient de s'accorder une somme absolument spectaculaire: 16 millions d'euros. Est-ce que les Français savent que Publicis va pouvoir déduire cette somme de ses résultats et ne payer d'impôts par conséquent que sur des résultats dont aura été déduite cette somme considérable ? Moi, j'interdirai cela ! Par conséquent, au-delà d'un montant que je considère comme raisonnable, ce sont les actionnaires qui se verront retirer les montants qu'ils auront accordés à leurs dirigeants. Pas l'État !
F.-S. :Souhaitez-vous le rétablissement du service militaire ?
M. L. P. C'est une organisation importante, c'est un coût important, mais je crois que compte tenu de ce qui se passe et de ce qui est révélé par l'affaire Merah, il faut rétablir au moins un mois de « classes » pour pouvoir jauger, juger, dans notre jeunesse, l'influence peut-être du fondamentalisme islamiste.
F.-S. Un mois, pas plus ?
M. L. P. Oui, mais ça permet de voir où sont les asociaux, de mesurer le nombre des illettrés, de voir ceux qui maîtrisent la langue française et ceux qui ne la maîtrisent pas, et aussi d'instiller un peu d'amour de la patrie dans leur cœur. Donc, je crois qu'il est important que tous les jeunes de France passent à un moment donné entre les mains pendant un mois de l'État -par l'intermédiaire de l'armée- pour pouvoir faire un bilan précis de la situation dans notre pays.
F.-S. Mais beaucoup de casernes ont déjà été fermées et vendues...
M. L. P. Je suis très attaché à cette problématique du patrimoine. A mon arrivée au pouvoir, je ferai un audit sur toutes les cessions du patrimoine des Français faites dans dix dernières années, parce qu'il y a là beaucoup de conflits d'intérêt et beaucoup de gens qui se sont faits énormément d'argent alors que ces biens, ces hôpitaux, ces casernes n'appartiennent pas à ceux qui nous dirigent. Ils appartiennent aux Français. J'indique d'ailleurs que je ferai passer une loi qui interdira toute cession du patrimoine national, quelles que soient les circonstances. Je mettrai en place des conventions d'usufruit de 20 ans renouvelables, c'est-à-dire qu'ils pourront user, comme une location en quelque sorte, des bâtiments, mais en aucun cas, jamais, cette propriété ne sera transférée comme elle l'est aujourd'hui au Qatar, en Arabie Saoudite ou je ne sais encore à qui.
F.-S. Souhaitez-vous le maintien du RSA ?
M. L. P. Oui, je souhaite le maintien du RSA, mais je souhaite qu'il aille à des gens qui le méritent. Je veux supprimer toute aide sociale à ceux qui ont été condamnés pour des crimes ou qui sont des délinquants récidivistes. Je trouve insupportable -sur le plan de la morale et de la justice- que les impôts de millions de Français qui se lèvent tôt et qui bossent dur soient utilisés à verser des aides sociales à des voyous récidivistes qui se moquent totalement des règles dans notre société, qui se moquent totalement des lois, qui violentent, qui brutalisent, qui volent, qui escroquent. Ce sera une de mes premières mesures: la justice l'exige.
F.-S. Le revenu parental que vous proposez sera destiné aux femmes comme aux hommes ?
M. L. P. Aux femmes et aux hommes.
F.-S. Au même niveau ?
M. L. P. Au même niveau, à 80% du SMIC. Évidemment, il y a beaucoup plus de femmes qui en profiteront. Pourquoi ? Parce les femmes sont des variables d'ajustement en période de chômage. C'est elles qui acceptent des salaires extrêmement bas. C'est elles qui acceptent souvent des conditions de travail qui sont insupportables. C'est elles, souvent, qui acceptent des horaires qui sont inadmissibles et qu'on leur impose ; je pense notamment à un certain nombre d'enseignes de la grande distribution qui usent et abusent de cette faiblesse. Eh bien, elles auront le choix de rester élever leurs enfants durant un certain nombre d'années, et elles auront 80% du SMIC.
F.-S. L'affaire Bettencourt peut-elle freiner, bloquer, voire stopper l'élan du candidat Sarkozy ?
M. L. P. Cette affaire Bettencourt est gravissime. Est-ce qu'on imagine, si ces faits sont avérés, qu'au moment où le candidat Sarkozy promettait la République « irréprochable », il était lui-même en train de financer illégalement sa campagne et, de surcroit, avec de l'argent fiscalement exilé en Suisse ? Ceci serait déjà très grave si c'était avéré. Mais, pire que cela, il y aurait un abus de faiblesse d'une vieille dame puisque la situation de faiblesse de Mme Bettencourt a été décrétée à compter de septembre 2006. Ça veut donc dire qu'on aurait profité de la faiblesse de cette vieille dame pour obtenir d'elle des sommes d'argent. Ce serait un délit beaucoup plus grave encore que celui de financement illégal d'une campagne électorale.
F.-S. Avez-vous davantage de considération pour Jacques Chirac ou pour Nicolas Sarkozy ?
M. L. P. J'ai plus de considération pour Jacques Chirac que pour Nicolas Sarkozy. Jacques Chirac a fait deux mandats d'inertie, alors que Nicolas Sarkozy a fait un mandat de destruction.
F.-S. C'est votre première campagne présidentielle. Est-ce dur ?
M. L. P. Oui, bien sûr, c'est dur physiquement. C'est dur psychologiquement puisque je suis peut-être une des seules candidates à avoir des enfants en bas âge. Enfin en bas âge, je m'entends,: ils ont 12-13 ans, ce sont des pré-adolescents. Je ne suis pas dans la situation de ces hommes qui peuvent faire campagne très librement. Il y a une part de culpabilité, effectivement, car je suis moins auprès de mes enfants que j'aimerais l'être.
F.-S. Vos enfants vous réclament ?
M. L. P. Bien sûr!... Mais j'essaie de leur inculquer cette extraordinaire générosité qui consiste à penser qu'il faut savoir s'oublier soi-même, et penser que ce que fait leur mère est au bénéfice de tous.
F.-S. Serez-vous à nouveau candidate en 2017 ?
M. L. P. Je n'en sais strictement rien. Pour être candidate en 2017, il faudrait que j'ai à nouveau la confiance de ceux qui ont décidé que je serai candidate en 2012. Je serai peut-être candidate au renouvellement de mon mandat... (rires) de présidente de la République!
F.-S. Vos sondages ne sont-ils pas, pour vous, décevants ?
M. L. P. Je crois qu'il y aura une très bonne surprise. Jamais, dans notre histoire, nous n'avons été aussi haut dans les sondages lors d'une présidentielle. Je dis bien: jamais. Nous sommes entre 16 et 17% : je parle ici des instituts sérieux. Or tous les sondeurs disent qu'ils ont les plus grandes difficultés à mesurer ma candidature.
F.-S. Y-a-t-il encore des électeurs de Marine Le Pen masqués ?
M. L. P. Probablement, oui. Ce qui est sûr, c'est que sur le terrain, il se passe quelque chose qui n'est pas à la hauteur de ce que je peux lire dans le sondages.
F.-S. Une sorte de « phénomène Marine Le Pen » parallèle au « phénomène Mélenchon » ?
M. L. P. Ce n'est pas un phénomène Marine Le Pen: c'est un phénomène nation, c'est un phénomène identité, c'est un phénomène envie de continuer à être français. Je crois qu'on abandonne de plus en plus nos valeurs. On se fond dans une uniformisation européenne qui fait que la richesse de ce que nous sommes est en train de s'affaiblir. Or, moi je veux que la France reste française pour elle-même, mais aussi pour ce qu'elle apporte au monde.
F.-S. Vous pensez donc que vous allez être au second tour ?
M. L. P. Tout-à-fait. L'hypothèse de ma présence au second tour est tout-à-fait crédible.
F.-S. : Contre qui ?
M. L. P. Ça dépendra du score de M. Mélenchon ! Puisqu'aujourd'hui M. Mélenchon est le meilleur ami de Nicolas Sarkozy. Il est en train d'affaiblir François Hollande. D'ailleurs vous remarquerez que dans ses discours M. Mélenchon attaque M. Hollande, Marine Le Pen, mais n'attaque quasiment jamais Nicolas Sarkozy. En voilà deux qui se sont bien trouvés en termes d'intérêts électoraux !
F.-S. Croyez-vous imaginable entre Mélenchon et vous ?
M. L. P. Ça aurait de la gueule! Au moins il y aurait un vrai choix entre un communiste-immigrationniste et une nationale, défenseure d'un protectionnisme et d'un patriotisme économique. Oui, ce serait un vrai choix.
F.-S. Accepteriez-vous un débat avec lui à ce moment-là ?
M. L. P. Oui, ce sont les règles de la République qui le veulent.
F.-S. Vous savez que vous faites encore peur à un grand nombre de Français ?
M. L. P. Ah bon, je leur fais peur ? Je n'ai pourtant aucune responsabilité dans la situation qu'ils vivent. Ils ont peur de quoi ? Ils ont peur parce que le système leur fait peur. Est-ce que ça n'étonne pas les Français que l'ensemble du système lutte contre Marine Le Pen alors que, par exemple, M. Mélenchon, qui se présente comme un candidat anti-système, personne ne l'attaque ? Moi, j'ai tout le monde contre moi: l'UMP, le PS, le Medef, l'extrême gauche, les syndicats... C'est quand même pas étonnant ? Je vais vous dire ce qu'il en est: si tout le système s'oppose à moi, c'est parce que je suis la seule à véritablement m'opposer au système. Quand les Français comprendront cela, ils ne se tromperont pas de bulletin de vote.