19 mai 2012
6
19
/05
/mai
/2012
07:11
La modeste commune de Carvin, à une quinzaine de kilomètres de Hénin-Beaumont, a été le théâtre de la première confrontation entre les candidats à l'élection législative du 10 juin prochain dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais.
Il fallait en être. Ne pas rater l'événement. Pour les candidats aux législatives dans la 11ème circonscription du Pas-de-Calais, la brocante de Carvin, organisée ce jeudi 17 mai, était un moment important de ce début de campagne.
Au milieu de la cohue de midi, il y avait donc des candidats, des suppléants et des militants. En nombre. Pas question de laisser le champ libre aux adversaires politiques. Parmi eux, Hervé Poly, suppléant de Jean-Luc Mélenchon, grand absent de la journée, et Philippe Kemel, le maire socialiste de Carvin et candidat à l'élection. Lorsque les deux hommes se croisent, le salut est courtois mais le ton reste tendu :
-« Nous serons devant vous au soir du premier tour et Mélenchon le sait. Il ne pourra pas faire autrement que de se désister pour ma candidature », dit Philippe Kemel.
- « C'est vous qui allez être obligés de vous désister », rétorque Hervé Poly, adressant une tape sur l'épaule à son interlocuteur.
- « Nous verrons bien... »
-« Nous serons devant vous au soir du premier tour et Mélenchon le sait. Il ne pourra pas faire autrement que de se désister pour ma candidature », dit Philippe Kemel.
- « C'est vous qui allez être obligés de vous désister », rétorque Hervé Poly, adressant une tape sur l'épaule à son interlocuteur.
- « Nous verrons bien... »
«LE SOLDAT INCONNU»
Avant les candidatures de Mélenchon et Le Pen, Philippe Kemel n'était encore qu'un modeste maire de province inconnu du grand public. Mais depuis une semaine, les médias s'intéressent à cet homme coincé entre les deux Fronts. « De mon statut d'élu local je suis passé en quelques jours à celui du plus connu des hommes politiques inconnus, un peu comme le soldat inconnu, »s'amuse-t-il. Mais le socialiste se veut imperturbable. « Je ne changerai rien à mon programme de campagne parce que deux ovnis sont tombés du ciel. » Au même instant, un militant lui glisse quelques mots à l'oreille : Marine Le Pen vient d'arriver.
Une foule est massée autour de la candidate frontiste. Elle prend la pose pour les photographes amateurs et signe des autographes, comme une célébrité du showbizz, pendant un plus d'une demi-heure. « Bonne chance, vous allez gagner ! » lance un homme, à la volée. Il s'appelle Francis Ocmant, habite Carvin et votera Marine Le Pen au premier tour. Son choix, il l'explique par le fait qu'elle est la seule à défendre les Français contre les immigrés. « Vous allez dire que je suis raciste mais j'assume, » dit-il.
Bernard Berz votera FN, lui aussi, mais pour d'autres raisons. Le vote FN n'est pas un choix « facho ou raciste », défend-t-il mais celui d'une « population qui en a marre des politiciens qui font de belles promesses et qui oublient tout une fois qu'ils entrent à l'Assemblée. » Et ce n'est pas l'arrivée du candidat du Front de gauche qui le fera changer d'avis: « Il n'a rien à faire ici, on ne le connait pas et on ne comprend pas pourquoi il vient s'incruster dans l'élection de notre député. Nous ce qu'on veut, c'est pas un match Le Pen contre Mélenchon mais Le Pen contre Kemel ! » Une confrontation qui aura été soigneusement évitée, ce jeudi.