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26 janvier 2012 4 26 /01 /janvier /2012 01:32

Créé le 24-01-2012 à 12h50 - Mis à jour à 14h10      22 réactions

Jérôme Lefilliâtre
 
Par Jérôme Lefilliâtre

REPORTAGE Invitée du mouvement patronal Ethic, la présidente du FN n'a pas heurté son auditoire, malgré ses propositions chocs de sortie de l'euro et de retour au protectionnisme.

Marine Le Pen, Présidente du Front National (SIPA)

Marine Le Pen, Présidente du Front National (SIPA)
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Si Marine Le Pen a une qualité, c'est de savoir parler à son auditoire. Qu'elle use de son art rhétorique dans une usine, à la tribune d'un meeting ou dans un salon très chic du Cercle de l'Union interalliée, au cœur du VIIIe arrondissement de Paris, à 100 mètres de l'Elysée. C'est là que la présidente du Front national avait rendez-vous mardi 24 janvier, pour une table ronde organisée par le mouvement patronal Ethic, de Sophie de Menthon. Devant un parterre très garni –une bonne centaine de chefs d'entreprise se sont déplacés–, au milieu des dorures et des nappes blanches, Marine Le Pen débute son opération séduction. "Je ne suis pas votre ennemie", affirme la candidate à la présidentielle. "Je suis pour la libre entreprise, pour l'économie de marché, mais avec un Etat arbitre, un Etat régulateur."

Sans jamais édulcorer ses propositions centrales, qui peuvent fâcher un auditoire préférant la tranquillité des affaires aux chocs politiques, Marine Le Pen tente de déminer le terrain. Le retour au franc? "On a l'euro depuis dix ans, pas depuis cinq siècles. C'est juste une parenthèse qu'il faut refermer." Le protectionnisme national? "Il doit s'accompagner d'un plan de réindustrialisation organisé avec le monde de l'entreprise. Je veux des droits de douane progressifs pour vous laisser le soin de vous mettre en situation de retrouver des parts de marché." L'augmentation des salaires allant jusqu'à 1,4 fois le Smic de 200 euros net? "S'il n'y a plus de pouvoir d'achat, vous ne pourrez plus jamais vendre. Je ne crois pas à une augmentation du Smic, qui repose sur l'entreprise. C'est pourquoi l'Etat assumera cette hausse en prenant à sa charge une partie des cotisations sociales." Le public ne gronde pas, loin de là.

"Il faut des règles partout"

La présidente du Front national attaque sans discontinuer "l'ultralibéralisme" incarnée selon elle par l'Union européenne. "Il faut des règles partout", assure-t-elle, avant de se contredire: "Cette Union européenne vous a bridés, vous a contraints comme jamais. Il n'y a jamais eu autant de règles, autant de normes". Sophie de Menthon relève le paradoxe, sans succès. Marine Le Pen embraye avec une citation de Bernanos: "l'espérance est un risque à courir"…

La députée européenne se plonge dans ses fiches pour lister les propositions devant amadouer les patrons de PME et PMI: création d'une banque publique d'investissement par le doublement du capital d'Oseo, progressivité de l'impôt sur les sociétés (15, 25 et 34%), simplification de la fiscalité par la fusion de l'IS et de la Contribution économique territoriale, développement des business angels, préférence nationale des PME tricolores pour les contrats de l'administration publique, autorisation de syndicats libres… Et la surprise du jour: la présidente du FN suggère la création d'un fonds de financement des petites et moyennes entreprises, abondé par les 50 plus grosses capitalisations boursières du pays (15% de leurs profits, remboursables en cinq ans). "Pas mal", approuve Sophie de Menthon.

Rires et applaudissements

Une seule fois pendant la matinée, la salle tique, sur la question des travailleurs sans-papiers, dont les entreprises ont besoin, fait remarquer un auditeur. La présidente du Front joue la fermeté: "Il s'agit surtout d'un moyen de trouver des papiers. Avec moi, il n'y aura plus de régularisation. Il y 24% des étrangers en situation légale au chômage. Et l'immigration pèse sur les salaires, qui sont devenus la variable d'ajustement." On passe à la question suivante, sans agressivité.

Un responsable de l'UIMM, puissante fédération de la métallurgie dans le patronat, salue les "propositions très alléchantes" de la candidate mais redoute la difficulté à les appliquer dans les entreprises. Une patronne vante "l'analyse très juste de la situation" faite par la présidente du FN mais s'inquiète de savoir s'il ne s'agit que de promesses sans lendemain. En oratrice aguerrie, l'hôte répond avec humour et éloquence. Le public rit et clôt la table ronde sous les applaudissements. Certains s'approchent de la candidate pour lui glisser une remarque ou la prendre en photo. Apparemment, le discours de Marine Le Pen ne séduit pas que les ouvriers.

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