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27 mai 2012 7 27 /05 /mai /2012 06:36

ARTICLE DU JOURNAL LE MONDE DU 27/05/2012

Marine Le Pen joue à domicile à Hénin-Beaumont (Pas-de-Calais). Et aime le fairesavoir. Vendredi 25 mai, la présidente du Front national a enchaîné les visites de"terrain" dans la 11e circonscription du Pas-de-Calais, où elle se présente aux élections législatives.

Cité Foch, 14 heures. C'est un quartier propret, fait de logements miniers, de petites maisons individuelles coquettes, où l'on rivalise de haies bien taillées et de jardinets agrémentés de décorations, comme des petits moulins à vent ou des nains de jardin.

Il y a là Marine Le Pen et son suppléant Steeve Briois, natif de la ville et cheville ouvrière de l'implantation lepéniste sur ces terres de gauche. Elle vient faire du porte-à-porte. Les caméras ont été tenues à l'écart. Pour éviter la présence des journalistes de télévision, le rendez-vous a été divulgué au dernier moment par SMS. Seuls quelques représentants de la presse écrite sont donc présents.

A la porte de chaque maison, Mme Le Pen sonne. S'il n'y a personne, elle glisse un tract dans la boîte aux lettres. Sinon, elle discute avec les habitants qui lui réservent, dans leur très grande majorité, un bon accueil. Comme cette femme, qui lui demande de signer son permis de conduire et l'invite à venir la voir, elle et son mari, une heure après, à l'autre bout de la ville. Marine Le Pen accepte.

"VOUS AVEZ DONNÉ LE POUVOIR À LA GAUCHE !"

Parfois, les réactions sont plus nuancées. Ainsi cet homme qui taille sa haie et lui dit sa "déception". Le vote FN, c'est "fini" pour lui. "J'ai voté pour vous, mais vous avez donné le pouvoir à la gauche !", lance le quinquagénaire. Piquée, Mme Le Pen revient sur ses pas et engage un échange "musclé" avec lui. "J'aimerais bien que l'on discute de cela. Ce résultat [la victoire de la gauche], c'est le leur [celui de l'UMP!", répond la candidate.

"Vous auriez pu tout obtenir de Sarkozy !", rétorque l'homme. "Oui, mais je ne suis pas comme les autres, je ne cherche pas à être ministre, je me bats pour mesidées ! Je ne suis ni UMP ni PS !", lance-t-elle avant de s'éloigner. L'homme finit par dire : "Allez, c'est pas grave, je voterai pour vous quand même !" Elle réagit, satisfaite : "De temps en temps, il faut secouer les gens, ça peut marcher."

Une heure plus tard, à l'autre bout de la ville, dans un autre quartier populaire. Cette fois, c'est un militant communiste qui lui répond. Il prend son tract et l'avertit : "Moi, je suis pour Mélenchon." "Les communistes version Marchais, ils ne sont pas pour Mélenchon. Ils ont beaucoup changé, les communistes", lui dit Mme Le Pen. "Malheureusement", dit-il. Et ajoute : "Mais on ne vous voit jamais aux manifestations devant les usines !" "Faux !", répondent en chœur Marine Le Pen etSteeve Briois. Malgré leurs arguments anti-Mélenchon, leur interlocuteur ne semble pas convaincu.

"VOUS ATTENDEZ QU'IL ME MORDE LE MOLLET ?"

Le Pen-Mélenchon. Le troisième tour (ou round) d'un match qui dure depuis l'élection présidentielle. Et cette fois, c'est à Hénin-Beaumont que cela se déroule. Car l'ancien candidat du Front de gauche à l'élection présidentielle se présente dans la même circonscription que Mme LePen.

Ainsi, toute la matinée de vendredi a été tournée vers l'éventuelle rencontre entre les deux personnalités sur le marché de la ville - qui n'a finalement pas eu lieu, M. Mélenchon étant arrivé quelques minutes après le départ de sa rivale. "Vous attendez quoi de cette rencontre ? Qu'il me saute à la gorge ? Qu'il me morde le mollet ?", lançait, le matin, Mme Le Pen aux journalistes. Elle entend minimiser ce"match dans le match". Pour elle, son adversaire, ce n'est pas lui, mais Philippe Kemel, le socialiste.

Au sujet de M. Mélenchon, la présidente du FN dit toutefois partager certainesanalyses du PS : "Les socialistes se plaignent en disant que l'arrivée de Mélenchon radicalise les positions et risque de nous renforcer en amenant à votercontre lui des gens qui se seraient peut-être abstenus." Le score potentiel de la gauche inquiète néanmoins le FN, notamment en raison du redécoupage électoral de 2010, qui a ajouté deux villes ancrées à gauche à la circonscription, Carvin et Libercourt.

Ainsi, si la candidate du parti d'extrême droite est très forte à Hénin-Beaumont, sa ville d'implantation, notamment grâce à sa dénonciation des "affaires" impliquant l'ancien maire (PS) Gérard Dalongeville, elle pourrait être désavantagée dans les autres communes au profit du PS et du Front de gauche. "Ce redécoupage pourrait m'empêcher de gagner", avoue Mme Le Pen.

"ELLE EST BELLE"

En tout cas, sur le marché, l'accueil est très sympathique pour la présidente du FN. Nombre de riverains l'appellent par son prénom : "Bonjour Marine !""Ça va Marine ?". Parfois, on lui fait la bise, on lui dit qu'elle "est belle", qu'elle "ressemble à une jeune femme".

Sur ces terres ouvrières, ce n'est pas tant le message anti-immigrés - même si cet argument joue aussi - qui convainc, que le discours sur l'économie. "C'est la seule qui est sincère quand on l'écoute. Elle a raison sur l'euro. Après toutes les factures, il me reste 400 euros pour vivre", affirme une femme d'une quarantaine d'années qui veut rester anonyme. "Quand je regarde le gouvernement et leurs avantages, c'est aberrant. Celui de Sarkozy, c'était un gouvernement royaliste : tout pour eux, rien pour nous", ajoute-t-elle.

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